Interview de Kenji Oba (X-OR / Gavan)

 

 

 

 

Interview de Kenji Oba ! Enregistré au Chibi Japan Expo le 2 novembre 2008.
Réalisée par Charly « Gordan » Picciocchi.
Traduction : Pierre Giner.
Caméra : Alain Dalbera.

 

L’interview existe aussi en vidéo, en bas de la page. 

 

Les questions furent écrites la veille par Gordan et Alain, car le jour même ils n’étaient pas sûr de pouvoir faire cet l’interview, mais ils furent comme des fous quand ils apprirent que M. Oba avait accepté leur demande. Pierre a traduit en simultané, donc avec un léger différé.
Gordan espère que M. Oba se souviendra de lui car il lui a offert une bonne bouteille de Muscat pétillant Corse !

 

 

 

Gordan : Pouvez-vous revenir sur votre parcours et nous expliquer comment vous avez débuté à l’école de Sonny Chiba, à la JAC ? Était-ce une vraie vocation ? Étiez-vous soutenu par vos amis dans cette envie ?

 

Kenjo Oba : J’étais un fan de Chiba Shinishi depuis très longtemps, l’ayant vu à la télé, et lorsque j’ai lu dans une revue de cinéma qu’il y avait une offre de recrutement je suis parti pour Tokyo pour participer à cette première offre. Ma mère m’a laissé partir (il faut dire que j’étais déjà assez têtu à l’époque et que je n’écoutais que moi-même), mais les gens qui m’ont le plus soutenu dans cette décision sont mes professeurs à l’université. Il faut dire que ces professeurs étaient quasiment comme des pères. Malheureusement, j’ai perdu mon père très jeune et je n’avais qu’un frère et ma mère. Mais dans l’ensemble ils ont tous été très encourageants à mon égard et ils m’ont permis de rentrer à la JAC (Japan Action Club). Je n’avais que 17 ans, donc on aurait très bien pu m’en empêcher.

 

 

 

G : Lors de la conférence d’hier vous avez fait allusion au contexte économique de la télévision au Japon, pouvez-vous nous en faire un portrait plus précis et nous expliquer les freins que vous rencontrez en terme de production ?

 

K O : C’est surtout le star-système qui fait que les décisionnaires (producteur, directeur de casting, scénaristes…) préfèrent utiliser des acteurs connus. En plus, le recourt à l’image par ordinateur sur quasiment toute la série et sur tous les plans que l’on puisse avoir, font que le travail de cascadeur est de moins en moins utile. La chose la plus importante qui nous manque actuellement aussi, ce sont des personnes au grand charisme ; par exemple Hong Kong a Jackie Chan, nous avions Sonny Chiba dans les années 80, Sho Kosugi aux États Unis nous a permis de faire des films de ninja. Mais aujourd’hui, il n’y a plus ces personnes très charismatiques pour permettre de dicter ses goûts aux chaines de télévision, où c’est plutôt l’inverse.

 

Aujourd’hui, je pense que les jeunes enfants n’ont jamais réellement vu des scènes d’actions faites à l’ancienne, ils sont tous habitués aux câbles et aux effets spéciaux. J’aimerais pouvoir, si possible, leur montrer qu’il n’y a pas que ça, qu’il y a aussi des scènes d’actions qui peuvent être faites de manière humaine et qui seront tout aussi intéressantes. Mon but à moi serait que tout ce que mes aînés m’ont appris, tout ce que j’ai appris durant ma carrière, de pouvoir le transmettre aux jeunes recrues et aux jeunes générations qui arrivent après moi. Ce n’est pas trop difficile en soit, mais le problème actuellement, c’est que la télé n’a pas de place pour les programmes de type action, quels qu’ils soient.

 

 

G : Comment les tournages de Tokusatsu ont-ils évolués au fil des années ? Que pensez-vous de la production actuelle de ce genre ?

 

K O : À l’époque où je tournais Battle Fever J et Denjiman, je faisais partie de l’équipe d’un directeur de chorégraphies de combat qui s’appelait Kazutoshi Takahashi et j’étais le seul membre de la JAC. Après, il y avait plusieurs centres de production de films. Je pense que M. Takahashi devait m’apprécier, c’est pour ça que j’avais beaucoup de combats, j’étais peut être capable de faire des choses que d’autres ne pouvaient pas, et ça permettait à M. Takahashi d’aller plus loin dans son idée de chorégraphie de combat. Nous entretenions toujours de bonnes relations entre les cascadeurs, les acteurs de l’époque et le staff.

 

À partir de Denjiman, tout le staff technique a changé et est devenu celui de la JAC. Je n’étais donc entouré que de connaissances, mes aînés et mes cadets. Lorsque j’ai tourné dans Gavan, je connaissais le staff depuis longtemps. Mais lorsque je suis arrivé sur Gekiranger, il ne restait plus que trois personnes de ce staff que j’avais connu à l’époque. Pour Gekiranger, il y avait toutes les nouvelles générations de la JAC qui étaient là ; c’était pour moi une chose importante, car ça correspondait à mon idée d’entraîner des jeunes générations à devenir cascadeur, comme on m’avait enseigné à le devenir.

 

Ça me permettait aussi de les rendre meilleurs. J’avoue que lorsque j’ai joué dans Gekiranger, ça m’a fait plaisir de retrouver cette ambiance et de pouvoir jouer avec tous ces gens-là. J’ai pu étayer mon sens de la communication en allant boire avec les gens le soir après les tournages.

 

Pour la Battle Fever Robot, c’est M. Suzuki, qui est aujourd’hui un des patrons de la JAC, qui était la doublure de Hiroyuki Sanada dans Uchu kara no Message : Ginga Taisen (San-Ku-Kai).

 

 

 

G : On va s’adresser au producteur, si demain vous avez un budget conséquent pour un tournage, qu’aimeriez-vous mettre en scène ?

 

K O : Évidemment, si j’avais de l’argent, j’aimerais faire un nouveau Gavan, où je ne reprendrais pas le rôle. Mon fils pourrait le reprendre lui, ou un autre shérif de l’espace, mais c’est vrai que si j’avais l’occasion c’est évidement Gavan que je remettrais en scène.

 

 

G : Beaucoup de projets internet vivent grâce au soutien des fans, soutiens parfois financés. De nombreux fans, même en dehors du Japon, souhaitent votre retour. N’avez-vous jamais songé à une création grâce à ce réseau communautaire ?

 

K O : Non, je dois avouer que je n’y ai jamais pensé. En même temps, en utilisant l’argent de tout le monde, est-ce que je pourrais avoir la mainmise sur les personnages ?

 

 

G : Concernant votre participation dans « Kill Bill « , pouvez-vous revenir brièvement sur ce qui vous a amené à participer à ce film, et les différences que vous avez rencontré par rapport à vos précédents tournages ?

 

K O : C’est vrai que lorsque qu’on m’a proposé de participer à un film étranger, j’ai pu rencontrer Quentin Tarantino qui m’a exposé sa vision des choses. Généralement, les japonais produisent pour leur pays, une sorte de vision intra-muros, ce qui n’est pas le cas pour les films étrangers évidement. S’il n’y avait pas vraiment de différences dans la production, c’était par contre différent sur la conception des choses.

 

Une fois la rencontre avec M. Tarantino faite, on a créé le décor sur lequel on a tourné. Comme nous tournions en extérieur, à Okinawa, et qu’il ne fallait pas avoir trop de soleil, ils ont monté un filet de 100 mètres de long sur 50 mètres de large, ce qui est invraisemblable au Japon, pour ne pas être gênés par les reflets extérieurs. Ça lui permettait de tourner comme il en avait envie, sans voir que le soleil change de position. Est-ce quelque chose dont il faut se réjouir, ou alors quelque chose qu’il faut bannir, je ne sais pas. Quoi qu’il en soit, ça m’a énormément surpris de voir leur manière de faire.

 

D’abord nous répétions la scène : donc il y avait le réalisateur, Mlle. Uma Thurman, M. Sonny Shiba et moi-même, et le réalisateur nous demandait : « Comment vous allez bouger ?». « Alors, moi je vais faire comme ça », il réfléchit et nous dit : « Je vais suivre en faisant un plan comme ça. » et M. Chiba : « moi, je vais plutôt faire comme ça », Mlle. Thurman : « moi, je vais faire ça », et ainsi de suite. Avant que tout que l’on soit tous d’accord, il ne tournait pas. Une fois que tout le monde était clair et précis sur la manière dont ils allaient bouger, à ce moment-là le « OK » sortait. Il faisait alors entrer les éclairagistes et l’assistant réalisateur, et il tournait la scène.

 

Pour moi, c’était la première fois que je voyais ça. Malgré le fait qu’une scène prenait beaucoup de temps à être tournée, tout s’est déroulé dans une bonne ambiance, ce qui fait que ça été une expérience assez importante pour moi.

 

 

 

G : C’est tout le contraire du Tokusatsu où tout est fait à l’économie. À l’époque de Denjiman, ils tournaient un épisode en 12 jours, maintenant ils en tournent un en 4 jours.
Nous voulions savoir si vous avez joué dans d’autres films internationaux, mis à part Kill Bill. Et si vous en avez l’opportunité, avec quel réalisateur aimeriez-vous tourner ? Voulez-vous tourner en France ?

 

K O : Pour moi, plus que de tourner, actuellement, je préfère enseigner aux gens, transmettre mon savoir pendant que j’en ai encore la possibilité. Mais si bien sûr, si un réalisateur étranger me propose ce genre de rôle de mentor, dans ce cas pourquoi pas ! Après, s’il a une nouvelle approche pour tourner, et pour montrer à l’écran des scènes d’actions, oui, pourquoi pas aussi. Si on me propose un nouveau challenge, quelque chose qui est dans la lignée de ce que je veux, ou une chose qui me correspond totalement, oui, évidement j’adorerais tourner dans un film à l’étranger, même avec un réalisateur étranger.

 

Bien sûr, je ne suis pas contre l’image par ordinateur. Je suis contre l’image par ordinateur à outrance, donc si j’ai l’occasion d’avoir certaines scènes d’action proches du réel, c’est à dire sans câble, et qui montre quelqu’un qui ressent des coups, qui tombe, qui fait des scènes ou c’est vraiment lui, sans effets spéciaux extérieur, ce serait bien. Et si en France ce genre pouvait avoir lieu, ce serait encore mieux.

 

 

G : Concernant « Triangle Connection « , comment ce projet est-il né et quel a été votre rôle sur celui-ci ? Avez-vous découvert de nouvelles facettes du métier de l’audiovisuel au travers du tournage ?

 

K O : En fait, le projet a été mis en place par la société TxT production, une petite société qui a produit le film. C’était à la base de jeunes acteurs, surtout de pièces de théâtre, qui ont pensé : « Pourquoi ne pas faire un film, au lieu de ne faire que de la scène tout le temps ? », et ils se sont dit que ce serait bien. À ce moment-là, on m’a proposé deux scénarios, deux projets. En les regardant, j’ai pensé que ce serait bien d’avoir un mix des deux, parce qu’ils étaient vraiment intéressants !
Et, bien-sûr, nous avons proposé ce projet un peu partout. Mais aucun sponsor, ni aucune maison de télévision n’a voulu le soutenir. Donc nous l’avons produit de nous-mêmes, avec notre propre argent. Le patron de la société TxT a rassemblé l’argent manquant pour mettre le projet sur pied.

 

Après, chacun a vu dans le film le meilleur moyen de rendre son rôle attractif et intéressant. Aussi, certaines connections et amitiés nous ont permis d’avoir des acteurs comme Taiyo Sugiura (Ultraman Cosmos) ou Gashuin Tatsuya, le tenancier du bar, qui est un doubleur attitré des films de Miyazaki, dans le staff. On peut donc considérer que ce film, Triangle Connection, est notre première œuvre pour cette société, alors il a encore beaucoup d’imperfections, nous en sommes bien conscients. Mais à partir d’avril, il y aura un autre film. Et cette fois, avec les expériences que nous avons vécues, nous allons faire quelque chose qui sera plus proche de ce que moi j’envisage, avec notamment plus d’actions dans ce deuxième film.

 

On a commencé par le terme Triangle qui est composé par l’amitié, l’amour, et l’entourage. Cette fois nous allons encore développer ce triangle pour qu’il soit plus marquant, mettre beaucoup plus d’action, et appuyer l’aspect dramatique et le jeu d’acteur. Cela permettra aux jeunes générations de passer un cap dans l’apprentissage de notre métier grâce à ce film. C’est la première fois que je me retrouvais comme producteur exécutif, et il y a plein de choses que je n’avais jamais vraiment appréhendé, parce que je n’étais qu’acteur et cascadeur.

 

Je me posais beaucoup de questions, à l’époque, et heureusement, ce que j’ai appris dans ma carrière a pu me servir, car quand les jeunes sont venu me poser les mêmes, j’avais les réponses qui fallait.

 

 

G : Nous vous avions vu en 2001 à Toulon, vous semblez toujours aussi en forme, quel est votre secret ?

 

K O : Merci pour ce passage de pommade (rire).

En fait, je n’ai rien fait depuis 2001 jusqu’en 2003. Après 2003, j’ai remplacé mes muscles par de la graisse et donc là c’est de plus en plus dur. En même temps on ne peut pas tout le temps enseigner par de simples paroles, il faut parfois aussi montrer par des gestes.

Donc je n’ai pas le choix, il faut que je me re-muscle, que je me remette au sport à fond et que je fasse de nouveau ce dont j’étais capable avant.

 

 

G : Pour finir, on connait vos talents pour avoir un visage extrêmement expressif, pouvons-nous profiter de cet interview pour vous demander de nous exprimer trois sentiments : la surprise, la peur et le bonheur ?

 

 

La réponse en vidéo !

 

Lien youtube (dispo en HD 1080p)

 

le direct-download de la vidéo, coupé en deux parties, en MP4, 1080p, sur 4shared :

1ère partie

2ème partie

 

 

 

 

 

7 Comments

  1. ikarus 5 décembre 2012 at 11 h 21 min

    Super, j’espère que vous aurez aussi la chance de l’interviewer cette année.

  2. Jill 14 mars 2013 at 15 h 21 min

    – Comment ? Kenji Ôba a joué aussi dans Jûken Sentaï Gekiranger ?
    J’ai vu le premier épisode hier… Il va falloir que je visionne cette série tv, moi !
    Enfin, ça dépend. Si Monsieur Ôba a juste un rôle vite fait ou il n’apparait que dans un seul épisode, je le verrais, mais uniquement cet épisode. Maintenant, s’il apparait dans tous les épisodes, il va falloir que je visionne cette série tv en entier.

    A propos de la vidéo interview :

    Au tout début, on voit des images, quelques plans vite fait sur la série Ûchû Keiji Gavan (Gavan et Mimi en voiture par exemple) qui n’apparaissent pas dans l’opening.
    Qu’est-ce que ça veut dire ? Ce sont des images d’archives non utilisé dans la série ? Des images de making-of ?

    Bien vu les sous-titres qui apparaissent en jaune comme dans le générique Français d’X-OR.

    Je ne comprends pas. Quand il écrit sur le costume de Gavan, il écrit de la main droite et à la fin de la vidéo, quand il écrit sur l’objectif de la caméra, de la main gauche.
    Monsieur Ôba serait-il fort à ce point là ou l’image était-elle inversée quand il a écrit sur la caméra ?

    La fin de la vidéo est à mourir de rire avec Monsieur Ôba qui nous fait une démonstration de la surprise, la peur et le bonheur !
    Le tout avec des extraits de la bande-originale de Gavan ! Juste excellent !

    Merci merci merci… Merci beaucoup à vous pour la traduction de l’interview en plus de la vidéo (Kenji Ôba en Haute Définition 1080p !!!). !!!
    Sans oublié qu’on peut télécharger la vidéo… *Bonheur*

  3. RockMan 2 mars 2015 at 2 h 44 min

    Great Job Merci !

  4. Pascal Wollwert 23 mars 2015 at 12 h 09 min

    Bonjour,

    X-or, ma série préféré! Kenji Oba est un acteur super talentueux! Un véritable modèle!

    Parcontre, je me pose la question: comment le mec a t’il fait son armure de x-or??

    En tout cas, chapeau pour votre site!!

    • Star 16 mai 2016 at 13 h 52 min

      Viimeiset näkyvät kuvat on &q¤;voKutavÃuläyksiä" bloggauksesta, ja sitten noi "You might also like" kuvat vanhoista bloggauksista näkyvät kyllä uudemmissakin viesteissä. T Jäkestä

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