Interview de Hiroshi Tsubaraya (Sheider)

 

 

Voici la dernière interview en date du regretté Hiroshi Tsubaraya, qui interpréta le rôle du 3ème Sheriff de l’Espace, le Capitaine Sheider. Nous ayant quitté prématurément ce 24 juillet 2001, des suites d’un cancer du foie, c’est avec grande joie que nous découvrons, cette dernière interview, issue du livre « Uchuu Keiji Taisen » grâce à Chron Actarus qui nous a fait cette traduction.

 

 

Journaliste : Dites-nous quel a été le déclic qui vous a donné envie de devenir acteur ?

Hiroshi Tsubaraya : Durant le collège et le lycée, je jouais au volley-ball, et je me demandais si j’allais continuer à l’université. À ce moment, pour le film appelé « Yakiku no haka » (La tombe des chrysanthèmes sauvages) où MATSUDA Seikô avait le rôle principal, a eu lieu une audition pour le second rôle, celui du moine Atamamaru (« Tête Ronde »). Cela me convenait parfaitement et je me présentai donc. En définitif, j’échouai au dernier moment et le trac que j’ai ressenti durant cette audition était insupportable. Mais ce fut un sentiment totalement différent du trac, de la tension que je ressentais lorsque je courais après la balle en jouant en volley. C’est quelque chose de personnel. Ce fut le début. Sur ce film, le réalisateur était SAWAINO Shinichirô.

 

J : On dirait un signe du destin.

HT : M. SAWAINO m’a fait le plaisir de tourner de nombreuses fois avec moi comme dans «Fukuzawa Yukichi». Si j’ai pu accomplir tout cela durant cette année, alors que je ne suis pas de la JAC, c’est grâce à MORINAGA et toutes les personnes qui jouèrent dans les scènes d’actions. Après cette audition, j’ai fait une apparition dans un téléfilm « Kôkô Seifufu » ( Le couple du lycée) et ce furent donc mes débuts. C’est un film avec dans les rôles principaux ITÔ Maiko et TSURUMI, j’y joue le rôle d’un ami du club de baseball de TSURUMI qui lui dit : « Quand tu seras marié, tu pourras dire adieu au Kôshien ». Puis, il y a eu « Shaider ».

 

J : Il fut décidé au dernier moment du rôle de SAWAMURA Dai entre vous et YOSHIDA Jun...

HT : Tout à fait, tout à fait… Tous deux, nous avons suivi l’entraînement de la JAC durant deux mois environ sans en avoir décidé. J’étais très jeune, 19 ans, et j’avais fait du volley donc j’étais robuste. Mais je n’avais pas fait d’exercice physique très poussé, ce fut très embêtant…

 

J : Par la suite, vous avez été choisi pour le rôle de Dai et M. YOSHIDA pour celui de « la grande prêtresse » Pau. Comment fut le premier tournage ?

HT : La première scène du premier jour de tournage était une scène de combat sur un camion-remorque en marche pour l’épisode 2 «Odore Peto Peto !». J’ai eu une réaction comme : «Dans un tel endroit ? Vous êtes sûrs ?». Mais les faiseurs de miracles de la JAC avaient bien sûr commencé à faire les préparatifs.

 

J : Dans le deuxième épisode, lors de votre transformation, vous bondissez en l’air à l’aide d’un trampoline...

HT : Oui, je l’ai fait. Car durant l’entraînement, on nous a aussi appris à sauter de haut…

 

J : Comment était le réalisateur, M. SAWAINO ?

HT : Il est rusé, le réalisateur. Le premier jour, sur le plateau, il y avait une scène où on devait enregistrer en même temps un dialogue, il est arrivé et a rajouté du texte. Il me le donna le matin même dans la salle de maquillage ! Ce fut très pénible pour moi. Aujourd’hui, je me souviens encore de cette réplique : « Les deux points essentiels quand on tire au laser sont : Premièrement, d’être capable de mettre toute sa concentration sur un point en un instant. Deuxièmement, ne jamais lâcher sa cible des yeux. » (Rires)

 

J : C’est la scène où, tout seul dans une classe, vous répétez ce que vous avez appris, alors que vous venez de terminer votre cursus au centre de formation des shériffs de l ‘espace, n’est-ce pas ? Et cette réplique n’était pas dans le scénario ?

HT : Tout à fait. C’est un passage qui venait d’être inventé quelques instants auparavant…

 

J : En parliez-vous avec MORINAGA Naomi qui interprétait le rôle d’Annie ?

HT : Nous étions la plupart du temps ensemble mais nous ne parlions pas de nos rôles ou de notre jeu d’acteur. Nous parlions uniquement de choses comme, par exemple : «D’où est-ce que sort le plus de NG ?». Et dans le métro pour aller jusqu’au studio, c’était la même chose, nous ne parlions que de ça ! Je pense que peut-être que Shaider a plu car elle était là avec moi durant cette année… À cette époque, MORINAGA détestait conduire. Elle faisait ses scènes d’actions, mais pour ce qui était de conduire, ça lui était vraiment très pénible… Combien de fois n’a-t-elle pas accroché sa RX-7 jaune ! Moi, pour conduire j’étais plutôt doué… Dans une scène où je suis dans la Jeep et où on me poursuit en me tirant dessus, c’est moi qui conduis. On m’avait dit de m’arrêter à un endroit précis, et je m’y suis arrêté pile. Tellement que même le caméraman M. MATSUMURA Fumio m’a dit : « Balèze la conduite ! » Mais cette Jeep était très facile à conduire, aussi !

 

J : Et le réalisateur des scènes d’actions, M . KANEDA Naoru ?

HT : Ah, M.KANEDA ? Je l’adore. C’est une personne envers laquelle je serais toujours reconnaissant. À l’époque, sur le tournage, tout le monde m‘appelait «Dai» ou «Dai-chan» (mon petit Dai), mais M.KANEDA, je ne sais pour quelle raison m’appelait «Daisuke» ! Au début, j’ai un peu insisté pour lui dire : « C’est SAWAMURA Dai » puis finalement je l’ai laissé faire. Comme au fil des tournages, il prenait soin de moi, ce « Daisuke » s’est mit à me plaire. Ce nom m’est resté dans la tête et plus tard, quand mon propre fils est venu au monde, je l’ai appelé «Daisuke» ! (Rires)

 

J : Vous vous êtes bien entendu avec les gens de la JAC...

HT : Oui, vraiment, ils ont vraiment été très bien. (Spécialement M. SHIBAHARA et M. YAMADA). Sans ces deux personnes, « Shaider » n’aurait pu être mené à bien.

 

J : Ces deux personnes nous ont donné de superbes scènes d’actions dans « Shaider ».

HT : Oui. Pour moi c’est ce qui est important. Ils ont vraiment rendu service à la série, avec de telles scènes d’action. Au début, c’était M. SHIBAHARA qui s’occupait de ces scènes, puis ce fut pratiquement tout le temps M. YAMADA qui le remplaça.

 

J : M. YAMADA a joué le rôle de Psychora, sa forme « humaine », dans Sharivan. A l’époque où il débutait, il devait déjà avoir la boule à zéro, non ?

HT : Oui, oui ! (Rires) Quelque chose qui m’a laissé une très forte impression fut lors des premiers repérages d’une scène. C’est une scène où je me transforme alors que je viens d’être poussé, dans la bataille, du haut de l’immeuble MarunoUchi par Omega. À l’époque, j’avais la même coupe de cheveux que M. YAMADA, et les scènes d’actions les plus importantes étaient alors assurées par M.YAMADA. Mais pour cette scène M. KANEDA a dit : «SHIBAHARA , charges-t’en. » Et lui de dire : « Mais ce n’est pas YAMADA qui… » « C’est pour SHIBAHARA ! » En regardant la scène, on comprend pourquoi ce choix : C’est une scène très dangereuse, une sacrée chute, et M. KANEDA le savait parfaitement. Ce n’est rien, techniquement, mais il a préféré confier ceci à SHIBAHARA, qui était très doué. Mais il s’en est voulu car M.YAMADA en a pleuré. « C’est pour son bien » m’a-t –il dit. Par la suite, il était très fier quand il a joué la plupart des scènes d’actions. Et ces sentiments se transmettent (ressentent) incroyablement bien. Des sentiments de reconnaissance, et aussi de respect, c’était très émouvant.

 

J : Les chutes de M. SHIBAHARA sont vraiment quelque chose de stupéfiant…

HT : Oui, aussi bien sur le plan technique que pour le moral, être entouré de gens formidables, ça permet vraiment de travailler sur un plateau heureux. Je leur en serai reconnaissant toute ma vie. Juste après la transformation du premier épisode, j’ai vu M. SHIBAHARA en Shaider sauter du haut d’un pylône rouge, et j’en ai vraiment été étonné. Et pourtant, M. SHIBAHARA semble sujet au vertige ! Mais il dit que comme quand il porte un casque, il n’y voit rien, tout va très bien ! C’est une sensation que je ne comprends pas très bien… (Rires)

 

J : C’est une histoire terrible ! Et pour les poses du shôketsu ?

HT : Elles ont été imaginés par M.KANEDA. Pour ce qui est de prendre une pose en sautant, nous nous sommes concertés M.SHIBAHARA, M.YAMADA et moi pour décider. Quand ce n’était pas moi qui jouais, il fallait trouver une pose qui puisse cacher le visage en paraissant naturelle.

 

J : Pour les scènes où vous jouer plus spécialement, vous êtes en gros plan, et donc vous deviez faire vous-même ces scènes d’actions qui au fur et à mesure que la série progresse deviennent de plus en plus intense.

HT : En tout cas, dans cette mine de la préfecture de Saitama, où l’on me disait : « Allez tombe ! Fais ta roulade ! » . Ça donnait l’impression d’être dans la continuité de ce que l’on faisait tous les jours. Mais là-bas, ce n’était pas que des cailloux qui m’attendaient pour me réceptionner. Mais des rochers ! Et cette combinaison bleue n’était pas si épaisse que ça. Ou alors, à l’époque de l’épisode 19 « Annie l’échappe de justesse ». Il y a une scène où je m’entraîne sous une cascade avec une épée japonaise, j’étais torse nu. Et tout à coup, le réalisateur M. SHIBAHARA me dit : « Mais qu’est-ce que c’est que cette blessure ? » Comme je ne peux pas voir mon propre dos, je ne le savais pas, mais ça avait l’air d’une blessure impressionnante, et on m’a dit : « Si tu souffres trop, on arrête le tournage ! » C’était évidemment douloureux, mais j’ai serré les dents, et j’ai continué. Et ce sont ces prises que l’on peut voir. Mais, en fait, pour les plans où l’on voyait mon dos, M.YAMADA me remplaçait. Dans ces circonstances particulières, mon visage était marqué d’un air grave qui fait partie de ceux qui me plaisent le plus.

 

J : Comme il y a eu diverses choses, c’est peut-être même votre air le plus réussi, non ?

HT : N’est-ce pas ? A l’époque de l’épisode 22 : « Le spectre de la mer appelé par l’homme-poisson », il y a eu aussi des moments très graves. Je devais me transformer en plongeant dans la mer. Mais j’ai mal fait mon plongeon, j’ai eu mal au cou, je n’arrivais plus à respirer, ma tête commençait à me tourner… Mais comme la combinaison que je portais flottait, elle me fut d’un grand secours. Ce fut vraiment très dangereux…

 

J : Vous avez quelques anecdotes avec des enfants qui vous avaient reconnu, n’est-ce pas ?

HT : Parmi tous les autographes que j’ai pu signer pour les enfants, un m’a profondément marqué. Alors que j’allais à pied jusqu’au plateau, un papier-journal est tombé devant moi. Comme ça n’avait rien d’extraordinaire, je continue à marcher, c’est alors qu’arrivent des enfants qui me reconnaissent et insistent pour avoir un autographe. Mais les enfants n’avaient rien sur eux, alors je leur dis : « Allez chercher un papier » et eux « Ouuuiiii ! ». Et quand ils reviennent, ce que me rapportent ces enfants, c’est le papier-journal qui était tombé devant moi précédemment ! Bien sûr, je ne pouvais pas me désister. Et les enfants ont été tellement contents d’avoir leurs signatures que j’ai pensé : « C’est vraiment bien tombé ».

 

J : Même si ce n’était qu’un papier-journal égaré, une simple signature a suffi pour eux à le transformer en trésor. Et puis ça n’a fait de mal à personne qu’ils emportent ce journal…

HT : Oui, ce n’est vraiment pas un crime… Aujourd’hui encore parfois, je me rappelle encore de ces enfants et de la dédicace sur papier journal…

 

J : A l’approche de la dernière de « Shaider », quel était votre état d’esprit ?

HT : Mon corps a été assez secoué. C’était des sensations très fortes. Si j’ai pu passer une année entière après avoir pris la relève de Kenji-san et Watari-san qui sortaient de la JAC, j’ai le sentiment que c’est vraiment grâce à MORINAGA, M. SHIBAHARA et M.YAMADA. Bien sûr je suis reconnaissant envers tous les gens du tournage, mais eux en particulier… Car on faisait un travail où on risquait sa peau et ce sont les gens avec qui on s’est secouru mutuellement. Et M.YAMADA avec qui on avait tenu bon, est maintenant réalisateur des scènes d’actions de Kamen Rider Kûuga avec M.KANEDA. Mais le plus surprenant, c’est M.ISHIDA qui était 3ème assistant réalisateur, qui est maintenant le réalisateur principal de Kûuga. C’est parce que le temps passe… À la différence du réalisateur, on voyait les assistants tous les jours sur les plateaux. J’ai encore pas mal de souvenirs de M.ISHIDA… Quelque temps après «Shaider», pour un drama quelconque, je suis allé à la Tôei et j’ai croisé M.ISHIDA. C’était justement au moment où il faisait ses premières prises en tant que réalisateur principal. Je suis allé les déranger sur le plateau de Kûuga car ça faisait longtemps que je voulais revoir ces 2 personnes.

 

J : Était-ce la première fois que vous rencontriez M.ÔBA et M.WATARI lors du « Spécial » qui fut tourné en tout dernier ?

HT : Oui. À propos de ce spécial, c’était la première fois que je jouais « tout » Shaider. Bien sûr, ce que je faisais d’habitude, mais j’ai aussi porté la tenue chromée. J’ai appris avec attention les poses avec M.KIYOMIZU qui jouait Shaider dans les gros plans.

 

J : Je ne savais absolument pas que le Shaider que l’on voit sur les photos où vous êtes tous les 3 était effectivement interprété par vous ! C’était justement à cette époque que vous aviez décidé d’interrompre votre carrière d’acteur, et maintenant vous vous occupez en tant que manager de la division « jeunes acteurs » à Tsuburaya Prod.

HT : À l’automne de l’année dernière, j’ai eu des ennuis de santé, j’ai décidé que c’était trop éprouvant physiquement de continuer ma carrière d’acteur. Et, depuis avril, je m’habitue à ma vie de manager de cette division. À l’époque où je faisais « Shaider », je me disais qu’il était nécessaire d’appartenir à ce bureau, et comme j’étais une personne qui avait contribué à celui-ci, j’y avais des liens. Ainsi je fais partager l’expérience que j’ai eue jusqu’ici et avec KAGEMARU Shigeki et SUZUKI Misato, j’aide les jeunes acteurs à déployer toutes leurs activités, et je m’en sens très heureux.

 

J : Avez-vous un dernier message à faire passer à vos fans ?

HT : Je pense que les héros des séries des « Sheriffs de l’espace », ou d’autres comme « Ultraman », sont éternels. J’éprouve beaucoup de plaisir, vraiment, à voir ces 3 personnages… Moi, je ne peux plus jouer, mais je prie pour que bientôt revienne un jeune shériff de l’espace qui sera revêtu de ce bleu métallique ! Et faites bien attention à votre santé ! C’est mon message à moi, TSUBURAYA Hiroshi. Un corps en bonne santé est quelque chose de capital, alors faites bien attention aux maladies et aux blessures ! Et puis, j’ai envie que tout le monde s’accroche pour tendre le plus vers ses rêves !

 

Traduction : Chron Actarus

 

 

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